Salut!
C'est François qui continue avec vous! Dans sa dernière entrée, Mémé a oublié de vous parler de nos difficultés en ce qui a trait aux réservations d'hostels... En effet, voyager au Japon est facile et simplissime (en comparaison avec la plupart des pays qu'on a visités à date), hormis en ce qui concerne ce point-là! On en avait eu un petit avant-goût avant notre arrivée à Tokyo. En voyage, on réserve habituellement la ou les première(s) nuit(s) à l'endroit où on arrive, question de se simplifier la tâche. Ensuite, par contre, on ne réserve pas et on va directement aux auberges qui nous intéressent. Habituellement, il y de la place pour deux personnes, donc il n'y a pas de problème! En plus, cette manière de faire nous donne un maximum de flexibilité: on peut choisir de rester plus longtemps quelque part sans qu'il faille annuler notre réservation, etc... Et on n'a pas à s'en faire si on reste coincés quelque part en raison d'un problème de transport.
Sauf que ça ne marche pas comme ça au Japon, en particulier la fin de semaine, dans les grosses villes et les lieux bien touristiques!
De fait, quand on avait voulu réserver pour notre arrivée à Tokyo un samedi (presqu'une semaine d'avance, tout de même)... tout était plein. Toutes les auberges de jeunesses et les hostels à prix raisonnable étaient pleins! Dans notre gamme de prix, il ne restait que quelques places en dortoir dans l'hostel où on a finalement dormi! Perplexes, on a vite compris que si on ne voulait pas perdre des heures à trouver un hostel lorsqu'on arrive dans une nouvelle ville, on avait donc intérêt à réserver! La soirée du 27 juin à Kyoto fut donc passée à organiser et réserver tous nos hébergements jusqu'à la fin de notre voyage... 3h de plaisir! Un doux moment entrecoupé par une discussion avec un Français un peu bizarre, adolescent boutonneux qui portait un chandail de tyrannosaure et qui tenait beaucoup à nous expliquer ce qu'il avait visité durant la journée... L'hostel abritait aussi un autre Français bizarre, plus âgé, dont le sens de l'humour particulier trouvait peu d'écho auprès des Japonais à qui il faisait des "blagues"... Il semblait affectionner particulièrement le staff de l'hostel (par ailleurs hyper gentil, courtois et serviable) mais ses interactions "comiques" avec celui-ci se transformaient plus souvent qu'autrement en malaise!
Donc, après avoir finalisé certaines réservations le matin, on s'est rendus à la gare. En chemin, on a croisé un pachinko. Les pachinko sont une institution toute japonaise qui tiennent lieu de casinos dans un pays où le jeu est officiellement interdit. En fait, il s'agit grosso modo d'une salle où sont alignées plein de "machines à sous" qui font du bruit. On paye et on peut jouer pour gagner des affaires, mais pas de l'argent. Cela dit, c'est aussi SUPER BRUYANT comme endroit (et enfumé)! On est entrés 2 minutes et en ressortant, les bruits de la rue étaient un murmure en comparaison!
On se rendait donc à Koya-San, un petit village de montagne, en train. Pour faire une histoire courte (le trajet a pris 3h), on a changé deux fois de train à Osaka (un grand port près de Kyoto), on a mangé des dumplings, on a pris un autre train, on s'est fait gentiment dire par l'hôtesse que nos billets de simples mortels ne nous donnaient pas accès à ce train plus luxueux et qu'on était priés de descendre à la prochaine station, on a attendu à cette station nowhere qu'un train plus en phase avec notre rang arrive, et on est finalement arrivés au bout de la ligne. La dernière partie du trajet était particulièrement belle: le train grimpait à flanc de montagne, on traversait de magnifiques forêts de cèdres et les alentours étaient de plus en plus sauvages (enfin, pour le Japon). En descendant à la dernière station nous attendait une petite balade en cable-car dans un genre de wagon de tramway modifié qui grimpait une pente à 45 degrés jusqu'au sommet de la montagne où était situé Koya-San! Bien plaisant en tout cas!
En haut, il faisait déjà plus frais et on a embarqué dans un bus vers le village de Koya-San. L'employé de la petite gare nous a remis un papier trop détaillé sur le réseau de bus local (trois petites lignes) qui précisait jusqu'à la manière de peser sur le bouton pour signifier qu'on voulait descendre à un arrêt! Tout est tellement trop bien organisé au Japon! Après quelques courbes sinueuses sur une route étroite à flanc de montagne, on est débarqués au "centre-ville" du village. Affamés, on a dîné dans un café du coin, qui comptait l'une des toilettes intelligentes les plus intenses qu'on ait vu à date! Outre le siège chauffant (étonnamment agréable par temps frais) et les options habituelles de jets-bruits-sent-bon, la toilette se nettoyait automatiquement avant que l'on ne s'assoie dessus, flushait automatiquement puis se renettoyait!
Bien repus, on est ensuite partis à la découverte du village. Koya-san est en fait une montagne où un moine bouddhiste a établi un monastère vers l'an 800. Depuis, plein d'autres temples ont surgi, ce qui en fait la 2e montagne sacrée du Japon après le célèbre Mont Fuji. C'est aujourd'hui (et depuis près de 1000 ans) un haut lieu de pèlerinage nippon. On a d'abord visité le temple Kongobu-ji, qui était particulièrement magnifiques avec ses portes coulissantes décorées de superbes peintures relatant le voyage en Chine impériale du moine ayant fondé Koya-san. L'endroit comptait aussi un immense jardin zen, plus impressionnant à notre avis que celui qu'on avait vu à Kyoto. En plus, le billet d'entrée comprenant une tasse de thé vert et une galette de riz!
On a ensuite marché un peu pour visiter le complexe Danjo Garan, comprenant plusieurs pagodes et temples impressionnants. Ceux-ci étaient en partie cachés par d'immenses cèdres plusieurs fois centenaires, ce qui rendait le lieu bien joli. Le peu de touristes (en comparaison avec Kyoto) était également un plus bien apprécié! En sortant d'un temple, une Japonaise a étrangement changé mes souliers de côté afin que le talon soit tourné vers le temple (on avait enlevé nos souliers car les temples ne se visitent que déchaussés). On n'a pas trop compris pourquoi: s'il y a des experts en traditions bouddhistes qui connaissent la réponse, manifestez-vous! En sortant du complexe, on s'est bien amusés sur un petit pont près d'un étang où batifolaient des dizaines de grosses carpes. En effet, on s'est rendus compte que dès qu'on agite la main par dessus le rebord du pont, les carpes deviennent folles car elles croient qu'on va les nourrir! Elles se mettent donc à accourir de partout et à ouvrir leur grosse bouche hors de l'eau!
Après avoir marché le long de la rue principale, on est arrivés à une grosse arche en bois marquant l'entrée du village. On avait une belle vue sur le montagnes environnantes, mais on s'est alors rendus compte qu'un point brun non identifié apparaissait sur toutes nos photos... L'intérieur de l'objectif de notre caméra était pollué par une tâche impossible à faire partir! Raah! Un peu déçus pour nos photos à venir, on a quand même jeté un oeil au début du sentier de pèlerinage, et aussi à une affiche qui nous mettait en garde contre la présence de guêpes "vespa" dans les environs, des guêpes géantes à la piqûre particulièrement dangereuse si je ne m'abuse...
En revenant, on a mangé un excellent croissant au chocolat dans une boulangerie locale (la boulangerie Kabo, une adresse à retenir) avant de marcher vers le temple Eko-in où on allait dormir. En effet, l'un des attraits de Koya-san, c'est la possibilité de loger dans un temple et de partager le quotidien des moines bouddhistes! Notre temple était très joli et était occupé par de jeunes moines timides mais bien gentils. Après une petite visite des lieux, l'un d'entre eux nous a conduit à notre chambre, i.e. une petite pièce aux murs de bois peints, couverte de tatamis et au milieu de laquelle trônait une table basse. On avait en plus une fenêtre qui donnait sur le beau jardin intérieur du temple! Puis il nous a laissé tout seuls. Question: on fait quoi, dans un temple bouddhiste, le soir? Heureusement, comme les Japonais pensent toujours à tout, on a lu les "instructions" traitant du b.a b-a de notre séjour monastique qui figurait dans un gros cahier laissé sur la table. On y a notamment appris qu'on pouvait enfiler les yakutas (des genre de kimonos-robe-de-chambre) qui nous étaient fournis pour souper dans la chambre! C'est donc déguisés en samurais qu'on s'est fait servir le somptueux repas du soir par un moine qui est venu nous porter le tout (ici, on ne mange pas avec les moines apparemment, tous les visiteurs mangent seuls dans leurs chambres). La cuisine végétarienne des moines était excellente, mais il y en avait pour nourrir une armée!
Pour digérer le tout, on est partis marcher dans les alentours du temple. Comme la pénombre s'installait tranquillement, on en a profité pour avoir un premier aperçu de l'attraction principale de Koya-san: son vieux cimetière couvert de mousse, perdu dans une forêt de cèdres centenaires. Bon, ça peut paraitre un peu glauque comme ça, visiter un cimetière au crépuscule, mais ce n'était pas du tout le cas! Le long de l'allée principale éclairée de lanternes, l'ambiance était vraiment mystique, alors que défilaient stèles, statues de Bouddha, arches et grands arbres... On est quand même revenus parce qu'il commençait à faire plus noir et que Mémé devenait moins à l'aise (Mémé: bon ça y est, maintenant tout le monde sait que j'ai peur du noir...!)...
De retour dans notre chambre au temple, on a siroté un thé vert en regardant la noirceur s'installer sur le jardin. Les moines avaient entre-temps déroulé des matelas (et des oreillers durs) sur lesquels on s'est installés pour dormir. Pas pour très longtemps cependant, car on se réveillait à 6h pour assister aux cérémonies matinales du temple!
De bon matin donc, on s'est rendus au temple principal avec d'autres visiteurs pour la cérémonie quotidienne tenue en l'honneur des morts. Pendant une demie-heure, deux moines ont récité des mantras en s'accompagnant du gong et de cymbales. La mélopée était étrangement hypnotique! Puis, tous les visiteurs japonais sont allés prier à tour de rôle en déposant de l'encens dans un récipient où il brûlait. Quand ce fut mon tour, mon voisin japonais m'a invité bien gentiment à faire de même! Devant ma face de "euh-t'es-sûr-je-connais-rien-aux-rites-bouddhistes" il a insisté en me montrant ce que je devais faire. Bref, je me suis donc exécuté sans trop de mal, puis Mémé et les quelques autres touristes étrangers aussi. Ça reste quand même spécial que c'était normal que des gens qui ne sont pas, à l'évidence, de confession bouddhiste puissent être invités à poser les rites comme tous le monde, sans que personne n'en soit dérangé le moins du monde! Je ne suis pas certain que bien d'autres religions seraient aussi tolérantes!
Ensuite, une deuxième cérémonie avait lieu dans un autre temple: la cérémonie du feu (je ne me souviens plus de la symbolique, mais on pouvait y prier pour le succès de ses études, de son entreprise, pour la bonne santé, etc.). Pendant qu'un moine récitait des mantras en s'accompagnant du gong, un autre alimentait un feu face à l'autel avec force gestes codifiés. La flamme finissait par monter très haut (c'est peut-être d'ailleurs pour ça que les temples en bois du Japon crament à intervalle régulier!). À la fin, tout le monde passait prier devant les bouddhas, puis on est retournés dans la chambre. Un déjeuner nous y attendait (tofu, légumes, algues, riz et soupe miso). Ça a moins plu à Mémé, qui tient à son déjeuner occidental le matin!
Ensuite, direction les bains. En effet, comme plusieurs établissements au Japon, le temple était équipé d'un bain commun où tout le monde se lave. Les Japonais sont généralement prudes, mais une fois passée la porte des bains (une pour les femmes et une pour les hommes), c'est tout le monde tout nu! L'expérience est donc la suivante: tu entres dans un vestiaire, tu te déshabilles en compagnie de Japonais qui te disent bonjour, puis tu entres dans la salle des bains. Là, tout le monde s'asseoit face au mur sur un petit banc et se rince assis. Ensuite, on entre dans un bain brûlant alimenté par des sources d'eau chaude (toujours en compagnie de Japonais imperturbables). On retourne après se laver sur le petit banc, on fait une dernière saucette dans le bain chaud, et hop! on se rhabille! Et on vient de vivre une expérience culturelle "made in Japan"! Pour un Nord-Américain habitué de ne jamais être nu devant des inconnus, l'expérience reste un peu spéciale!
Une fois propres, on a quitté le temple pour retourner visiter le cimetière dont je vous ai parlé plus haut. Je ne vous le redécrirai pas ici puisque je l'ai déjà fait, mais il convient de souligner à nouveau qu'il s'agit d'un site sublime. Assurément le plus beau cimetière que j'ai eu l'occasion de voir de toute ma vie! Un must, si vous allez au Japon. Cerise sur le sundae: c'est gratuit, en plus! À la toute fin de l'allée principale, près avoir traversé plusieurs petites cascades (comme si ce n'était pas déjà assez beau), on parvient à un temple éclairé de tout plein de lanternes, point culminant du pèlerinage vers Koya-san. Ce serait en fait l'endroit où le moine ayant fondé les lieux serait enterré.
Après cette magnifique visite, on est revenus en bus vers la station de Koya-san, s'arrêtant au passage pour prendre un croissant chez Kabo. On est ensuite revenus en train jusqu'à Osaka, où on a décidé de faire un détour avant de revenir à Kyoto. Direction: Nara! En arrivant à la gare de la ville, Mémé est tombée en amour avec le magasin à 100 yens (1$) de la gare... On a mangé un sandwich sur le pouce puis on est partis explorer la ville. Nara est un ville de taille moyenne (450 000 habitants) qui a déjà été la capitale du Japon il y a 1200 ans. Étonnamment, de nombreuses structures de l'époque médiévale subsistent, au premier chef plusieurs temples qui ont miraculeusement échappé aux bombardements de la 2e guerre mondiale. On a donc admiré quelques pagodes, avant que Mémé ne fassent connaissance avec l'autre spécialité de Nara: les cerfs. En effet, le grand parc de la ville abrite un troupeau de 1500 cerfs qui se déplacent un peu partout. Ils se laissent facilement toucher et caresser, au grand bonheur du grand enfant avec lequel je voyage! On peut aussi les nourrir avec des genre de biscuits, mais l'expérience est moins cute qu'elle en a l'air! En effet, dès que quelqu'un a de la bouffe à leur donner, les cerfs accourent et tentent tous d'aller chercher la nourriture! Et ils n'hésitent pas à mordre, pincer et tirer les vêtements au besoin provoquant les cris des touristes qui fuient en lançant leur paquet de biscuits aux cerfs! Impossible de ne pas rire face à un tel spectacle!
En marchant, on est tombés sur... l'Oktoberfest de Nara (oui oui, une Oktoberfest en juin). Outre les stands de bière et bouffe allemande abominablement chères, il y avait aussi un stage où se produisait un groupe qui interprétait pot-pourri de chansons à la mode à mille lieux des airs allemands auxquels on aurait pu s'attendre. Les Japonais qui assistaient au spectacle étaient déchaînés (contraste frappant avec leur retenue habituelle) et accouraient tous pour faire des high-five au chanteur du groupe!
Suite à cet épisode cocasse, on s'est dirigés vers ce qui serait la plus grande structure de bois du monde, le temple principal de Nara. Il abrite un immense Bouddha de bronze, très impressionnant! On a ensuite marché dans le parc, visitant quelques temples au passage et saluant quelques dizaines de cerfs. On s'est abrités dans un petit pavillon au milieu d'un étang pour se protéger de la pluie, puis on est revenus vers la gare. On s'est arrêtés avant pour écouter une chorale interpréter du gospel (des Japonais qui chantent du gospel?) avec beaucoup d'intensité! Nara était décidément en feu lors de notre passage!
Le retour à Kyoto a été sans histoires. On a profité des rabais de fin de journée dans le depachika (sous-sol) de la gare pour se gosser un repas qu'on a mangé sur la terrasse du toit de l'édifice, puis on est revenus à l'hostel pour dormir après cette journée bien remplie!
À bientôt!
lundi 30 juin 2014
Koya-San et Nara
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Avec toutes ces toilettes intelligentes, la profession de dame-pipi est-elle en voie d'extinction au Japon?
RépondreSupprimerMM
Si tu fais référence aux madames qui donnent du papier à l'entrée, on a pas vu ça au Japon en effet!
SupprimerPeut-être même celle de psy;-)
RépondreSupprimer"Par bonheur, le siège des W.-C. est électrifié, ce qui réchauffe mes fesses et mon cœur lorsque je m’y installe, oubliant le froid pendant un instant. Instant fatal, qui me fait éternuer." Saisons japonaises, de Nicole-Lise Bernheim, Payot 2002
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